Adrien, mon bon voisin, mon ami

Voici deux mois s’en est allé Adrien, mon voisin, après 91 ans sur cette terre.

Voici 25 ans, quand je suis arrivé dans ce petit village du Lot, sur le causse de Limogne, il m’a chaleureusement accueilli, il est vrai que Ferdinand, mon petit âne, savait chavirer les cœurs.
Adrien avait été agriculteur mais sa tenure étant petite, il était aussi maçon l’hiver. Il avait construit ou restauré beaucoup de maisons dans le quartier. Son père était tailleur de pierres et à ses côtés, Adrien avait appris, dans les années d’après guerre, l’antique méthode de construction avec du mortier de terre. Quand j’ai entamé des travaux dans mon vieux mas, il m’a conseillé utilement pour que je respecte la tradition lotoise, pierres, briques et chaux. Et nous sommes allés ensemble avec son tracteur épierrer les champs environnants pour élever les murets de pierre sèche.

Et puis est venu le temps où nous avons créé l’entreprise Randoline et construit l’atelier sous les chênes. Comme Adrien était un fin bricoleur, il rôdait souvent autour des établis et nous éclairait de ses conseils quand nous butions sur un problème technique. Sa plus grande contribution à notre activité a été le moment de la mise au point du SSU, le système de séparation d’urgence qui a fait le succès de l’Escargoline. J’avais construit le prototype en bois et les tests étaient concluants. Mais Adrien, après avoir manipulé le dispositif, m’a suggéré de remplacer la mécanique de décrochage par un simple loquet de porte. Fouillant dans sa caisse à outils, il trouve la pièce, nous la montons, reprenons l’essai et…. ça marche encore mieux.

Et c’est ainsi que le brevet du SSU a été déposé à l’INPI. Et c’est ainsi que, quand vous pilotez une Escargoline, c’est un peu de la malice d’Adrien dont vous profitez.

Bon voyage mon voisin !