Le centre de gravité et la stabilité d'un chargement

La stabilité d’un chargement

Suite à des débats récurrents dans certains forums sur les animaux de portage, il nous a paru nécessaire de faire une mise au point technique pour que le randonneur débutant s’y retrouve.

Tout d’abord bien définir les choses : un bât n’est pas stable tout seul, c’est l’ensemble bât+bagages qui est stable ou ne l’est pas.

Certes, de par leur conception et leur forme certains bâts sont intrinsèquement plus stables. C’est le cas des bâts Randoline avec leurs arceaux descendants. Le bât enveloppe le corps de l’animal et tournera difficilement, tant il est bloqué sur le poil. Toutefois si vous mettez sur le dessus du bât un gros sac de 20 kg, le meilleur bât du monde perdra toute stabilité.

Car quand on charge un animal, il est une règle d’or à respecter : le centre de gravité. Si on ne respecte pas cette loi physique fondamentale, on court aux chavirages et aux embêtements, et on met sa petite bête en situation d’inconfort.

Récapitulons : la stabilité d’un chargement repose sur plusieurs facteurs :

• le bât et son harnachement

• le tapis

• les bagages latéraux

• les bagages du dessus

• le positionnement des bagages sur le bât

• Le bât et son harnachement : c’est le coeur du système de portage. Sa qualité est primordiale pour offrir à l’animal un confort de travail.

Il existe de multiples modèles de bâts. Les plus stables, dans la tradition, sont les bâts qui possèdent des arceaux descendants, qui enveloppent le corps de l’animal.

Il doit être construit solidement pour résister au poids du bagages, au ballant perpétuel et aux chocs dans les obstacles.

Le harnachement est une partie importante du bât. La solidité des courroies, leur attache sur le bât, le nombre de boucleries de réglage, la qualité du cuir, sont primordiaux.

• Le tapis : le bât repose sur un tapis, qui va faire l’amortisseur, entre l’animal et les patins du bât.

Le tapis va également adoucir la différence de forme entre l’ensellement du dos et la forme des patins du bât.

Il doit être assez épais pour adoucir le poids du matériel, mais pas trop pour ne pas déséquilibrer la charge.

Certains bâts d’autrefois voyaient le tapis cousu avec le bât, les deux éléments ne faisant alors plus qu’un seul objet. Randoline étend sa gamme de matériels à ce concept car il donne au bagage une immobilité et une stabilité étonnantes.

• Les bagages latéraux : On suspend souvent au bât, de chaque côté, des sacoches, des sacs à dos, des paniers, voire des caisses rigides dans le monde du cheval.

Pour des raisons évidentes d’équilibrage, le poids de ces bagages latéraux doit être, à peu de choses près, identique. Ce calcul doit être permanent si dans la journée on ouvre une sacoche pour rajouter une boite de conserve ou un gros pain. Si on ne prête pas attention à ce détail, on va voir son bât pencher lentement. Ce phénomène sera moindre si on possède un bât à arceaux descendants. Avec un bât à croisillons la sanction est immédiate dès la première flaque d’eau.

Pour améliorer la stabilité d’un chargement, on peut baisser verticalement la position des sacoches sur le bât, soit en rallongeant la courroie de suspension, soit en abaissant des pièces d’accroche le long des arceaux.

• Les bagages du dessus : Les randonneurs posent souvent sur le dessus d’un bât le surplus de bagages qui ne rentre pas dans les sacoches. Fréquemment cette troisième poche a la forme d’un gros boudin appelé sac marin.

Attention : c’est souvent là que commencent les problèmes de stabilité. Tant que ce sac du dessus contient des éléments légers (duvets, pyjamas), tout ira bien. Mais si on commence à entasser dans cette poche des choses lourdes (godillots, matériel de cuisine, conserves, etc…), alors on va détruire la stabilité du bât.

Ce point sera développé plus loin dans le paragraphe sur le centre de gravité.

• Le positionnement des bagages sur le bât : Chaque élément doit être à sa place, et si possible ne pas en bouger. Il n’y a rien de pire pour la stabilité d’un bât que des éléments se balançant dans tous les sens.

Ce défaut d’amarrage va aussi procurer de l’inconfort à l’animal. Au pire, le frottement pourrait engendrer une blessure.

Donc au départ, tout amarrer solidement.

• Le centre de gravité : Le schéma ci-contre résume mieux que tout discours l’équilibre à obtenir pour que le bât ne chavire pas.

Le centre de gravité de chaque sacoche doit être mis aussi bas que possible, soit en mettant au fond les objets les plus lourds, soit en abaissant verticalement la position de route de la sacoche.

Le centre de gravité global, qui est la composante du centre de gravité des sacoches (plus à titre accessoire le poids du bât) doit obligatoirement se trouver environ 20 cm SOUS la colonne vertébrale.

Si cette règle est respectée, le bât ne bougera pas et ne pourra pas pas se retourner. Chaque fois qu’il aura tendance à pencher, la loi de la gravité le remettra droit.

Les anciens muletiers procédaient ainsi, tout comme les compagnies muletières militaires. Les charges qu’ils mettaient sur les mulets étaient énormes, mais parfaitement équilibrées. Ainsi un affût de mitrailleuse sur le dessus était compensé par 2 caisses de munitions de 40 kg sur chaque flanc.

Mauvais chargement :
un sac très lourd sur le dessus du bât

Dans l’exemple de ce croquis, si le 3ème sac contient des duvets, il ne se passera absolument rien.

Mais si ce 3ème sac est lourd, il suffira d’un rien, une légère différence de poids entre les sacoches, pour que l’ensemble commence à pencher.

Si on n’intervient pas de suite, l’ensemble du chargement va chavirer.

Ce phénomène est accentué par ce qu’on appelle l’effet de levier. Dans ce croquis, la sacoche de gauche, en s’éloignant du corps de l’animal, va « peser » plus lourd et accentuera le chavirage.